Les plus expérimentés d’entre-nous vous le rabâchent ici ou là : pour réussir dans l’aventure du freelancing, il faut se spécialiser.

Bien. Parfait. Conseil avisé.
Mais dans les faits, comment cela se passe ?
Comment trouve-t-on sa spécialisation ?
Et puis d’ailleurs, qu’est-ce que c’est au juste cette histoire de spécialisation ?
Est-ce qu’on ne risque pas de manquer des opportunités ?

Avant de répondre à toutes ces questions, laissez-moi vous délivrer une dernière fois les meilleures raisons de trouver votre spécialisation…

C’est quoi la spécialisation d’un community manager

Sachez qu’il existe deux manières de se spécialiser dans notre métier : la spécialisation par compétence, et la spécialisation par secteur d’activités (ou domaine). Pour plus de clarté dans ces explications, prenons l’exemple de Justine. Elle est social média manager indépendante. Comme toute bonne freelance qui se respecte (et donc petit couteau suisse du web), elle a un certain nombre de compétences à son actif, parmi lesquelles :

  • animation de communauté
  • gestion de campagnes facebook
  • rédaction web
  • retouche photo
  • relation influenceurs
  • etc.

Elle les indique sur son site Internet, et précise qu’elle accepte de fournir ces prestations à tous les secteurs d’activités et à tout type d’entreprises. Elle espère ainsi garder toutes les portes ouvertes pour ses collaborations futures.

De l’intérêt de la spécialisation dans le digital

Seulement voilà, Justine ne reçoit pas autant de sollicitations que prévu et s’interroge finalement sur sa stratégie. Elle met le doigt sur le problème au bout de quelques mois : personne n’a besoin d’un community manager généraliste, spécialisé en tout, donc en rien.
Par contre, les entreprises ont besoin de faire équipe avec des travailleurs digitaux experts dans leur domaine d’activité. Ainsi, une société de matériel médical aura tout intérêt à travailler conjointement sur les réseaux BtoB avec un social média manager spécialisé dans ce secteur, ou tout du moins, celui de l’équipement professionnel ou mieux, de la santé.


Justine remarque une autre conséquence fâcheuse de cette “stratégie de la porte ouverte”.
Avec le temps, elle réalise qu’elle ne parvient jamais à se hisser parmi les plus incollables des experts sur les prestations qu’elle propose. Lorsqu’on est indépendant, survivre sans être excellent dans son domaine s’avère compliqué. Les réseaux sociaux, et le monde du digital plus largement, évoluent trapidement. Trop rapidement pour être partout à la fois. Il faut être en position de veille constante pour espérer accéder aux techniques avancées pendant qu’elles sont encore efficaces (en effet, l’obsolescence des techniques et outils arrivent si rapidement sur Internet, qu’il faut sans cesse se renouveler.)

Comment faut-il se spécialiser 

Plutôt que d’éparpiller ses efforts pour être bon dans plusieurs domaines, il apparaît donc judicieux de concentrer son panel de prestations sur un ou deux éléments bien définis.

Pour reprendre notre exemple, Justine accepte des petites missions courtes de rédaction web à droite, à gauche. Payées au lance-pierre. Elle a aussi deux contrats en animation de communauté sur cinq réseaux sociaux différents et se laisse submerger par la quantité de publications à programmer en accord avec la stratégie éditoriale de ses deux clients. Son dernier contrat est une prestation de relation influenceur. Révélation : Justine y prend beaucoup de plaisir et excelle dans l’art du partenariat d’influence marketing. Si bien qu’on lui renouvelle son contrat.

La jeune femme aurait tout intérêt à se concentrer sur ce qu’elle adore et ce pour quoi elle est douée. Pourquoi ne pas l’imaginer comme agent d’influenceur indépendante ? (Les blogueuses et instagrammeuses en sont de plus en plus friandes, pour se concentrer sur le coeur de leur activité.) Elle optimiserait ainsi son temps de mise à jour de ses compétences sur des outils qu’elle jugera utiles pour son activité.

Justine pourrait aussi viser un seul et unique secteur d’activités, comme la culture, ou bien encore le gaming.
On notera que dans ce cas de figure, il est plus intéressant de choisir d’intervenir auprès d’entreprises ou organisations issues d’un secteur similaire (ex : le secteur de l’aéronautique, du développement personnel, de la grande distribution, de la beauté, ou bien du luxe, etc). Ainsi, non seulement on accumule les expériences nous permettant d’augmenter notre crédibilité auprès des professionnels du milieu, mais on accroît sa connaissance de l’industrie visée. Car un bon community manager (ou social média manager) effectue une veille accrue du secteur au sein duquel il évolue, en plus du digital (autant vous dire que c’est une masse d’informations assez conséquentes à traiter chaque semaine).

Une autre possibilité de spécialisation lorsqu’on est community manager (ou social média manager), est aussi de se concentrer sur un seul réseau social. C’est ce que font déjà certains d’entre-nous, et même des agences (j’en ai vu passer une l’autre jour, spécialisée en personal branding sur LinkedIn exclusivement). Ce qui est aussi tendance en ce moment, c’est de se spécialiser en publicités facebook, le nouvel algorithme ne laissant aucune chance aux nouvelles pages n’utilisant pas cette fonctionnalité.

Community manager : comment choisir sa spécialisation ?

Pour bien choisir votre spécialisation, vous devez d’abord vous connaître. Par là, je veux dire, connaître vos aspirations, vos préférences, et donc il vous faut forcément avoir déjà accumulé un peu d’expérience. Pour ce faire, il existe de nombreux outils (tests, questionnaires), ou coachs et conseillers.

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un article traitant d’un concept chinois qui fait fureur chez les professionnels du développement personnel… (et depuis, je le vois partout, j’étais bien obligée de le mentionner !) Vous connaissez l’Ikigai ?
Il s’agit d’un outil permettant, en principe, de trouver sa voie professionnelle par la combinaison d’éléments centraux de notre vie : ce que nous aimons faire, de quoi le monde à besoin, ce en quoi nous sommes bon et ce pour quoi l’on peut être payé.
Je me suis dit qu’il serait intéressant d’appliquer l’Ikigai non pas à sa profession, mais à sa spécialisation. Cela fonctionne aussi ! 🙂

ikigai

Se donner le temps de choisir sa spécialité

C’est aussi au fil des expériences que vous saurez ce qui vous attire ou non. Une certaine appétence pour l’écriture, la retouche photo, ou bien au contraire une préférence pour les campagnes publicitaires… il vous faut goûter aux sensations du terrain pour prétendre connaître vos aspirations et ce pour quoi vous êtes doué. Un super exemple, celui de Yeza Lucas. Elle est social média manager spécialisée dans le secteur d’activité de l’économie sociale et solidaire, un milieu qui donne un sens à son travail. Pour ce faire, elle a elle-même créé son réseau. De plus, elle affiche clairement la couleur concernant ses prestations : son créneau, c’est le personal branding.

yeza lucas

Un bon moyen de définir son domaine de spécialisation, c’est aussi, à la manière de la définition de ses personas, la détermination de votre entreprise de rêve. Je veux dire, à quoi ressemblerait l’entreprise pour laquelle vous aimeriez vraiment travailler ? Quelles valeurs porteraient-elles ? Et quels seraient ses objectifs ? À quoi ressemblerait ses managers, ses employés (les gens avec qui vous souhaitez travailler au quotidien, donc) ?

Pour trouver la spécialisation par domaine vous correspondant, une bonne recette : soyez curieux ! Lisez, informez-vous, il n’y a que de cette manière que vous réaliserez qu’il existe des professionnels sur cette Terre qui partagent les mêmes aspirations que vous, et avec qui vous pourrez porter un projet valorisant à vos yeux.

Et pour trouver votre spécialisation par compétence, il n’y a aucun secret : vous devez pratiquer votre métier jusqu’à ce qu’avec vos résultats, le feed-back des clients et surtout votre aisance, vous compreniez dans quelles fonctions vous êtes meilleurs.

Une autre méthode pour trouver votre place et tirer votre épingle du jeu, cela peut être d’acquérir une double compétence. Par vos diplômes ou vos expériences. En 2018, tous les types d’entreprises ont besoin des services de community managers : magasins de sport, restaurants véganes, cinémas, bibliothèques… Si vous avez un background en lettres par exemple, il vous sera plus facile de prétendre à un poste de social média manager pour une chaîne de librairies. Si vous avez précédemment expérimenté le milieu médical, il vous sera plus simple d’accompagner les pharmacies et e-pharmacies dans leur stratégie digitale, etc.

Afin d’illustrer la spécialisation-passion, prenez la bordelaise Alexandra Muller. Elle a repassé un CAP boulangerie après avoir exercé des fonctions marketing, dans le but de trouver sa niche : community manager pour les artisans du pain. Magnifique idée, n’est-ce pas ?

alexandra muller

La bonne nouvelle, c’est qu’aucun choix n’est figé. Sur Internet, tout va tellement vite, qu’il vous faudra nécessairement vous renouveler. Cependant, se renouveler au sein de sa spécialisation est plus aisé, et plus rapide, que de se mettre à jour sur tout et n’importe quoi 🙂 D’où la nécessité de se concentrer sur un créneau précis

Pour ma part, je n’ai pas encore trouvé ma spécialité, bien que possédant des domaines de prédilection, et observant une attirance pour certaines tâches au détriment de certaines autres. Mais j’ai ma petite idée (rendez-vous à la rentrée). Si c’est votre cas également, j’ai un conseil pour vous démarquer de vos concurrents. En attendant de mettre le doigt sur ce qui vous botte, capitalisez sur votre personnalité. Le digital est une sphère extrêmement concurrentielle, et s’il y a bien une chose que le confrère ne pourra pas vous copier, c’est qui vous êtes. Personne ne peut rivaliser avec vous au sujet de votre individualité. Misez sur l’humain, nous n’avons jamais eu autant besoin d’humanité avec toute cette technologie qui nous entoure. Avec le temps et les expériences, vous irez naturellement vers ce pour quoi vous êtes fait. Et vous trouverez doucement mais sûrement, votre spécialité. En tout cas, je vous le souhaite.